Le vaccin contre le COVID-19 a sauvé beaucoup de vies dans le monde, mais beaucoup de personnes restent pourtant opposées à son utilisation. L’une des critiques soulevées à ce titre tient notamment à l’idée d’une surmortalité chez les jeunes en Europe depuis les mesures de vaccination. La vérité autour de cette théorie est d’ailleurs bien plus complexe qu’elle y paraît.

Une théorie soutenue publiquement par Fabrice Di Vizio

L’idée que le vaccin contre le COVID-19 puisse entraîner une surmortalité chez les jeunes en Europe paraît d’emblée assez incongrue. Fabrice Di Vizio, un avocat fermement opposé au vaccin contre le COVID-19, en est pourtant convaincu. Il a notamment soutenu durant son passage à l’émission TPMP sur C8 le 5 janvier 2022 que la mortalité en Europe a augmenté depuis l’adoption de ce vaccin.

Fabrice Di Visio a soutenu cette affirmation en mentionnant une note qui aurait été diffusée le même jour à ce titre. Cette note indique que les pays avec le plus haut taux de vaccination ont observé une hausse brutale de la mortalité en un mois et demi. La cause de ce phénomène demeure a priori inconnue, mais Fabrice s’est empressé d’y associer la campagne de vaccination.

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Une surmortalité substantielle dans les graphiques de l’EuroMomo

La note mentionnée par Fabrice Di Vision ne semble pas exister en l’espèce. La théorie d’une surmortalité chez les jeunes en Europe est cependant soutenue dans un autre document. Il s’agit d’un graphique publié dans le cadre du projet ‘European Monitoring of Excess Mortality for public health action’ ou ‘EuroMomo’. Il s’agit essentiellement d’un réseau mis en place pour surveiller la surmortalité en Europe dans le cadre d’une action de santé publique.

Ce réseau est opérationnel sur tout le continent européen. Il a été créé dans le but d’avoir des données plus homogènes sur la question de la surmortalité en Europe. La Santé publique en France a elle-même attesté de la légitimité de ce réseau en 2013.

La surmortalité observée par l’EuroMomo dans son bulletin de la dernière semaine de 2021 est cependant substantielle. Cette constatation est confirmée à travers les données du graphique mentionné précédemment. Il y est observé que la courbe de surmortalité pour les individus de 15 à 44 ans est plus grande que celle de 2020 à compter du 26 avril.

Cette date n’est pas anodine pour les opposants au vaccin contre le COVID-19. Elle correspondrait en effet au moment où les campagnes de vaccination ont commencé pour les personnes de 15 à 44 ans. Il convient pourtant de noter que l’ouverture du vaccin anti-COVID en France pour les individus de 18 à 49 ans a commencé le 12 mai. Il est alors difficile de soutenir dans ces circonstances que le début des mesures de vaccination a entraîné une surmortalité chez les jeunes en Europe.

Un constat plus inquiétant dans les pays de l’Est

Fabrice Di Visio a aussi soulevé que la surmortalité chez les jeunes en Europe est surtout observée dans les pays avec un taux de vaccination élevé. Le Portugal et Malte sont les États qui correspondent le mieux à cette description. Les taux de vaccination y ont été en effet mesurés à des valeurs respectives de 89 % et 84 %. C’est bien plus élevé que dans le reste de l’Europe.

Aucune augmentation brutale dans le taux de mortalité n’a pourtant été observée dans ces pays vers le début de l’année 2021. Il a également été observé que la mortalité a baissé en Espagne, alors même que ce pays est troisième en termes de vaccination en Europe.

La vérité est que le phénomène de surmortalité chez les jeunes en Europe concerne surtout les pays de l’Est avec un faible taux de vaccination. La Hongrie en est un bon exemple dans la mesure où sa population n’est vaccinée qu’à seulement 62 %. Le constat est aussi bien plus inquiétant pour la Bulgarie avec seulement 28 % de population vaccinée en 2021.