L’UE envisage actuellement d’approuver à nouveau le pesticide controversé, le glyphosate. De toute évidence, cette initiative suscite un tollé parmi la majorité des experts.

La Commission européenne a ravivé le débat sur cette substance controversée. notamment en proposant de renouveler l’autorisation du glyphosate au sein de l’Union européenne pour une période de dix ans. Après une première réunion le 22 septembre dernier, les États membres devront se prononcer sur cette décision le 13 octobre prochain.

Le glyphosate en Europe : entre enjeux scientifiques, politiques et écologiques

Une bataille acharnée oppose depuis des années les autorités, les scientifiques et les groupes d’intérêt. Mais il est désormais incontestable :

Le glyphosate continuera à avoir toutes les autorisations pour son utilisation.

Bien que sous certaines conditions, jusqu’à la fin de l’année 2033, avec une prolongation de dix ans.

Pour étayer cette évaluation scientifique, environ 2 400 études ont été scrupuleusement examinées. Dont 700 issues de publications académiques. Du point de vue politique, rien n’a encore été arrêté, mais le premier vote en commission de l’agriculture est prévu pour la mi-octobre. Le compromis, tel qu’il transparaît dans la nouvelle politique de Bruxelles concernant le glyphosate, a déjà suscité le vif débat auquel on pouvait s’attendre suite à cette proposition inattendue.

Prolongation du glyphosate : débat acharné sur la durée et les conditions de l’autorisation

Le Centre des Médias Scientifiques de Cologne a synthétisé les réactions des experts en agriculture et en écologie à l’égard de ces projets. Maria Finckh, agronome à Kassel, a exprimé son avis catégorique :

« La proposition de prolongation du glyphosate sur une période de dix ans va à l’encontre du bon sens. »

Elle a relevé que les restrictions incluses dans la nouvelle proposition constituent des améliorations fondamentales. Notamment l’introduction obligatoire d’une bande de bordure de champ non pulvérisée de cinq à dix mètres. De plus, il faudrait également  interdire l’utilisation du glyphosate pour accélérer la maturation des cultures.

Cependant, le projet néglige les répercussions sur la biodiversité et les insectes, en particulier les abeilles.

« Il s’agit d’une lacune grave et inacceptable. C’est également la principale raison pour laquelle le glyphosate pose problème. »

Glyphosate : pour ou contre une prolongation de dix ans ? Les arguments des parties en présence

Rita Triebskorn, spécialiste de l’environnement à Tübingen, s’est montrée tout aussi critique.

« Dans l’ensemble, nous considérons la proposition de la Commission européenne comme inacceptable et scientifiquement injustifiée. À notre avis, les conditions et les restrictions évoquées ne suffisent pas à garantir la libération sécurisée de la substance dans l’environnement. Ni à limiter l’accumulation croissante de la substance chez l’homme et dans l’environnement, ainsi que les risques pour les organismes exposés,. Notamment en ce qui concerne les effets cancérogènes. La justification de la Commission européenne, ne tient en aucun cas compte des découvertes scientifiques récentes. De plus, elle ne respecte pas le principe de précaution. »

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En revanche, le biologiste Christoph Schäfers estime que la proposition est appropriée. Il estime qu’une période de dix ans est nécessaire pour observer les effets de la nouvelle réglementation, tout en précisant que le principal problème du glyphosate réside dans son utilisation excessive.

« Lors de l’évaluation du ‘risque résiduel’, il faut prendre en compte le fait qu’à ce jour, aucune autre substance ne présente moins d’effets secondaires indésirables avec un effet comparable. » Quant à l’extension de l’autorisation à dix ans au lieu de quinze, Schäfers estime que c’est une durée appropriée, car il faut plus de cinq ans pour vérifier les effets des nouveaux éléments réglementaires, tout en indiquant clairement que le glyphosate est une substance particulièrement scrutée.