L’Euro numérique, proposé par la Banque centrale européenne (BCE), a pour ambition de transformer le système financier européen. Ce projet vise à moderniser les paiements, réduire les coûts et renforcer la souveraineté monétaire de l’Europe. Notamment, face aux défis posés par les cryptomonnaies et autres monnaies numériques d’État.

L’initiative de l’Euro numérique motivée par la dépendance extérieure

Lors de la conférence fintech Money20/20, Evelien Witlox, directrice de l’euro numérique à la BCE, a souligné la forte probabilité de l’introduction de cette nouvelle monnaie. Bien que ce projet ne soit pas encore certain. Ce projet est partiellement motivé par la dépendance de l’Europe aux services de paiement extérieurs. En l’occurrence, ce qui compromet son indépendance économique et la sécurité des données liées aux paiements.


Objectifs et avantages de l’euro numérique

L’Euro numérique proposerait l’équivalent électronique de l’argent liquide. Notamment en permettant aux citoyens d’utiliser l’argent de la banque centrale pour leurs paiements, constituant ainsi un bien public. Selon Mme Witlox, dans le cas d’adoption, l’euro numérique aura cours légal. De cette façon, les commerçants proposant des moyens de paiement numériques devront l’accepter.

Défis et solutions de l’Euro numérique

La dépendance de l’Europe à l’égard des prestataires de services de paiement non européens soulève des préoccupations quant à la souveraineté économique.

Nous estimons que cette dépendance n’est pas bonne pour notre souveraineté économique, car que se passerait-il si, à un moment donné, ces prestataires ne pouvaient plus fournir leurs services ? a déclaré Witlox.

En outre, la protection des données liées aux paiements reste une priorité. Bien sur, avec des mesures prévues pour assurer la confidentialité des utilisateurs.

Adoption globale et inquiétudes

En mars, 134 pays représentant 98 % de l’économie mondiale étudiaient la possibilité d’introduire des versions numériques de leur monnaie. Certains pays ont déjà franchi le pas. Cependant, la crainte que les monnaies numériques ne permettent aux gouvernements d’espionner les paiements des citoyens demeure largement répandue. La BCE a insisté sur le fait que la protection de la vie privée serait une caractéristique essentielle de l’euro numérique. L’euro numérique ne serait pas programmable et ne permettrait pas aux gouvernements de suivre les dépenses individuelles.

Phase de préparation et prochaines étapes de l’Euro numérique

Après une phase d’investigation de deux ans, la BCE arrive maintenant dans une phase de préparation, débutée en novembre 2023. Mme Witlox a indiqué que la BCE devrait publier un rapport d’avancement ce mois-ci. La décision d’utiliser ou non la technologie blockchain, qui sous-tend les cryptomonnaies comme le Bitcoin, n’a pas encore été prise.

Une innovation ambitieuse

L’Euro numérique, envisagé par la Banque centrale européenne (BCE), promettait de révolutionner le paysage financier européen. Prévu pour faciliter les transactions, réduire les coûts et renforcer l’indépendance monétaire de l’Europe, il semblait être la réponse idéale aux défis posés par les cryptomonnaies et autres monnaies numériques d’État.

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L’enthousiasme initial pour l’Euro numérique restait palpable. Les experts prédisaient une adoption rapide grâce à ses avantages potentiels : des transactions rapides et sécurisées, une meilleure inclusion financière, et une efficacité accrue. Les tests pilotes laissaient entrevoir une transition fluide vers une économie numérique dynamique, où l’Euro numérique coexisterait avec les espèces et les comptes bancaires traditionnels.

Premiers signes de faiblesse : un système sous pression

Cependant, dès la fin de 2023, des signes inquiétants ont commencé à apparaître. Les critiques ont rapidement relevé des problèmes techniques et des coûts inattendus. La capacité des utilisateurs à utiliser efficacement l’Euro numérique s’est révélée inférieure aux attentes, sapant la confiance des premiers adoptants.

Limitations de capacité : un frein à l’adoption

Un problème majeur a révélé la capacité limitée de l’Euro numérique à traiter des transactions en volume. En décembre 2023, les utilisateurs ont constaté que les volumes de transactions possibles étaient bien en deçà des attentes. Cette limitation a entravé l’adoption généralisée de l’Euro numérique, le rendant moins compétitif face aux systèmes de paiement traditionnels.

Coûts cachés et complexité : une barrière pour les utilisateurs

En outre, l’Euro numérique s’avère plus coûteux que prévu pour certains utilisateurs. Les frais de transaction, censés être négligeables, se sont accumulés, surtout pour ceux qui effectuent des transactions fréquentes ou de gros montants. Cette complexité et ces coûts supplémentaires ont découragé de nombreux consommateurs et entreprises.

Solutions temporaires : un remède pire que le mal ?

Pour contrer ces problèmes, la BCE et d’autres institutions financières ont proposé des solutions temporaires,. Par exemple, la subvention des frais de transaction pour les nouveaux utilisateurs. Cependant, ces mesures ont reçu d’énormes critiques. Le fait de centraliser davantage le système, va à l’encontre de la vision initiale d’une monnaie numérique décentralisée.

Bugs et vulnérabilités : une sécurité compromise

Des failles techniques ont également surgie, compromettant ainsi la sécurité de l’Euro numérique. Des vulnérabilités aux attaques ont été révélées, suscitant des inquiétudes quant à la fiabilité du système. Des bugs ont même entraîné des interruptions de service, gelant temporairement les fonds des utilisateurs.


Départs de développeurs clés : un signe d’alarme

Face à ces défis, plusieurs développeurs et experts initiaux ont quitté le projet, indiquant un manque de confiance interne quant à la viabilité à long terme de l’initiative. Ces départs ont porté un coup dur à la BCE et ont mis en lumière les profondes inquiétudes sur la direction prise par le projet.

Un avenir incertain pour l’Euro numérique

En conclusion, l’Euro numérique, malgré son potentiel, fait face à des défis considérables. Les problèmes techniques, les coûts inattendus et la perte de confiance parmi les utilisateurs et les développeurs dressent un tableau préoccupant. À moins que la BCE ne trouve des solutions durables et ne parvienne à regagner la confiance du public, elle pourrait rester une curiosité technologique plutôt qu’une véritable révolution monétaire.