La France occupe désormais la troisième position des pays les plus endettés de l’Union européenne, avec une dette publique de 3 400 milliards d’euros. En l’occurrence, ce qui représente un ratio de 113,0% du PIB en 2024 selon les données d’Eurostat. Ce niveau historique place l’Hexagone derrière la Grèce (153,6%) et l’Italie (135,3%), mais devant la Belgique (104,7%) et l’Espagne (101,8%). Au premier trimestre 2025, la dette française a encore progressé pour atteindre 114,1% du PIB, confirmant une trajectoire préoccupante.


Cette escalade contraste avec la moyenne européenne qui demeure stable autour de 81,0% du PIB pour l’Union européenne et 87,4% pour la zone euro. La France dépasse ainsi de plus de 30 points la moyenne européenne et de près de 25 points celle de la zone euro.

Une progression alarmante de l’endettement français

Les chiffres de l’INSEE révèlent une accélération inquiétante. La dette publique française a bondi de 203 milliards d’euros en 2024, atteignant 3 305 milliards d’euros en fin d’année. Au premier trimestre 2025, elle culminait déjà à 3 345,4 milliards d’euros, soit une hausse de 52,5 milliards d’euros sur trois mois seulement.

Cette dynamique place la France dans une situation délicate face aux critères de Maastricht qui fixent le plafond d’endettement à 60% du PIB. Avec un ratio qui dépasse largement ce seuil depuis plus d’une décennie, l’Hexagone rejoint le club restreint des six États européens en dépassement chronique.

Le poids croissant du service de la dette

L’impact budgétaire devient considérable. La charge de la dette publique représente environ 55 milliards d’euros en 2025. Soit 9,5% du budget de l’État selon la Banque de France. Ce montant a doublé depuis 2020, témoignant de l’accélération du phénomène. Chaque jour, la dette française s’alourdit de 6,13 euros par habitant, soit 2 240 euros supplémentaires par an et par citoyen.

Cette charge financière croissante réduit mécaniquement les marges budgétaires pour les investissements publics et les politiques sociales. Les agences de notation surveillent de près cette évolution, Fitch ayant déjà dégradé la note française à A+, la plaçant au même niveau que la Belgique, l’Estonie et Malte.

Une situation contrastée au sein de l’Union européenne

L’hétérogénéité européenne reste frappante. Alors que douze États membres dépassent le seuil des 60% du PIB, d’autres maintiennent des niveaux d’endettement remarquablement bas. L’Estonie affiche le ratio le plus faible (23,6%), suivie de la Bulgarie (24,1%) et du Luxembourg. Ces écarts reflètent des stratégies budgétaires divergentes et des capacités d’adaptation variables aux chocs économiques.

L’Allemagne, première économie européenne, maintient sa dette à 62,5% du PIB, respectant quasi parfaitement les critères européens. Cette performance contraste avec la trajectoire française et illustre l’importance de la discipline budgétaire dans la préservation de la souveraineté financière.

Les défis à venir pour la France

La trajectoire française soulève des questions majeures sur la soutenabilité à long terme. Avec une dette nette représentant 106,1% du PIB au premier trimestre 2025, l’Hexagone entre dans une zone de vulnérabilité. Surtout face aux variations des taux d’intérêt. Une remontée durable des taux pourrait dramatiquement alourdir la charge budgétaire et contraindre à des ajustements drastiques.

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Les perspectives démographiques accentuent ces préoccupations. Le vieillissement de la population exercera une pression supplémentaire sur les finances publiques. En l’occurrence, via l’augmentation des dépenses de santé et de retraite. Sans inflexion majeure, la France pourrait rejoindre l’Italie dans une spirale d’endettement difficile à maîtriser.

La question n’est plus de savoir si la France est la première dette européenne. Mais plutôt comment inverser une tendance qui menace sa capacité d’action future et sa crédibilité européenne.