L’Italie prépare un changement radical. Le gouvernement envisage de taxer les résidents étrangers fortunés par un impôt forfaitaire porté à un niveau jamais atteint. Rome ne se contente plus de séduire les grandes fortunes. Le pays verrouille désormais son attractivité et impose un signal fort, presque agressif. La hausse envisagée atteint 50 %. Le forfait monte ainsi vers un seuil critique qui rebat les cartes du marché européen des fiscalités avantageuses. Les investisseurs s’inquiètent. Les cabinets d’avocats spécialisés s’agitent. Et les premiers scénarios d’exode circulent déjà.

Une stratégie qui rompt avec huit ans d’ouverture

Depuis 2017, l’Italie attire massivement les grandes fortunes étrangères grâce à une taxe annuelle forfaitaire très basse. Le dispositif a transformé Milan en refuge pour family offices et dirigeants mondiaux. Avec une hausse à 50 %, la stratégie bascule. Rome veut moraliser son image. Le gouvernement cherche à répondre aux critiques internes, qui dénonçaient un traitement de faveur envers les ultra-riches. Mais cette rupture brutale fait trembler l’écosystème. Les nouveaux entrants pourraient hésiter. Les résidents actuels redoutent une révision encore plus agressive d’ici deux ou trois ans.

Un climat d’incertitude pour les résidents étrangers fortunés

Le risque majeur n’est pas seulement financier. Il est psychologique. Les ultra-riches ne supportent pas l’incertitude. Une fiscalité qui change tous les deux ans devient rédhibitoire. L’Italie risque de perdre son statut de refuge stable au profit de juridictions perçues comme plus prévisibles. Le Portugal, l’Espagne, Monaco ou même certains pays d’Europe de l’Est pourraient récupérer les flux de capitaux et de résidences. Cette redistribution menace les plans immobiliers haut de gamme en Italie, déjà sous tension. Les promoteurs de Lombardie et de Toscane craignent une baisse de la demande sur les biens premium dès le premier semestre suivant l’annonce.

Un impact financier sous-estimé

L’impôt forfaitaire à 50 % semble anodin pour un milliardaire. Dans la réalité, il casse un mécanisme discret mais extrêmement puissant : la capacité à abriter des revenus étrangers considérables à moindre coût. Si le forfait grimpe vers les 300 000 €, certains profils à forte exposition internationale pourraient économiquement arbitrer ailleurs. Une centaine de départs d’ultra-riches suffiraient à provoquer un trou dans l’économie locale, car chaque résident fortuné génère une consommation secondaire massive : rénovation, services privés, recrutement, investissements patrimoniaux. L’effet domino serait immédiat dans plusieurs régions.

Un débat politique sous haute tension

Le gouvernement utilise cet impôt comme signal politique. Il veut montrer qu’il lutte contre les inégalités et protège les classes moyennes. Mais ce mouvement peut se retourner contre lui. Si les départs se multiplient, l’Italie perdrait des milliers d’emplois induits. L’opposition pourrait alors dénoncer une erreur stratégique, un sabotage de compétitivité au moment où l’Europe renforce sa concurrence fiscale. Le débat pourrait devenir explosif, surtout si la croissance ralentit et que les recettes fiscales ne compensent pas les pertes.

Extrapolation : un scénario noir plausible

Si la hausse est confirmée, trois dynamiques pourraient émerger simultanément

    • une vague de relocalisations rapides vers des pays plus cléments
    • un gel des investissements immobiliers supérieurs à 3 millions d’euros
    • une pression accrue sur les services de luxe italiens, déjà fragilisés

Ce scénario noir n’est pas théorique. Il a déjà eu lieu au Royaume-Uni en 2025 après la remise en cause du statut “non-dom”. Les flux de capitaux se sont déplacés en moins de six mois. L’Italie pourrait subir un choc similaire, aggravé par une situation économique moins robuste.

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En voulant corriger un déséquilibre fiscal, l’Italie prend un risque calculé, mais potentiellement dangereux. La hausse de l’impôt forfaitaire envoie un message de justice sociale, mais met en péril une stratégie d’attractivité qui avait fait ses preuves. Si cette mesure déclenche une fuite des grandes fortunes, la facture pourrait dépasser de loin les recettes attendues. L’Italie joue sur une ligne fine. Un faux pas pourrait déclencher une réaction en chaîne difficile à maîtriser.