Les retraités, oubliés du système, plongent dans la pauvreté!

Depuis cinq ans, la précarité des plus de soixante‑cinq ans s’incruste. Le taux européen de risque de pauvreté recule à 19,8 % en 2023 mais représente encore 18,6 millions de vies fragiles. La population vieillit. Les inégalités s’aggravent. Les pensions n’absorbent plus le choc des loyers et de l’énergie. Les retraités voient leur pouvoir d’achat s’effriter plus vite que celui des actifs. Le ver est dans le fruit.

Où la misère frappe

Le drapeau rouge flotte sur les États baltes.
En 2024 :

  • Lettonie : 48,7 % des retraités vivent sous le seuil de pauvreté
  • Estonie : 45,8 %
  • Lituanie : 39,2 %
  • Chypre : 32,2 %
  • Bulgarie : 26,4 %

À l’inverse, le Luxembourg (10,1 %) et le Danemark (11,4 %) résistent grâce à des filets sociaux denses. L’écart nord‑sud se resserre, mais l’est reste en détresse.

Femmes premières victimes de la pauvreté chez les retraités

Le fossé du genre persiste. Le risque touche 22,2 % des femmes contre 16,7 % des hommes. En Allemagne, un cinquième des retraités survivent avec moins de 1 200 € par mois et la moitié sont des femmes seules. Les carrières hachées et les temps partiels amplifient le manque à gagner. La pauvreté féminine vieillit mal et menace la cohésion sociale.

L’inflation dévore les pensions

La flambée des prix entre 2021 et 2024 a amputé le revenu médian des ménages de 4 %.
Les retraités perdent jusqu’à 11 % de pouvoir d’achat, piégés par des pensions fixes dévalorisées.

Les gouvernements tentent de réagir et distribuent des boucliers :

  • Allemagne : prime énergie de 300 €
  • Pays‑Bas : crédits d’impôt
  • Roumanie : chèques alimentation

Cependant, ces mesures utiles restent ponctuelles. Sans revalorisation automatique, la précarité se reconstitue dès le prochain choc économique.

Pistes nationales pour lutter contre la pauvreté des retraités

    • L’Espagne indexe désormais toutes les pensions sur l’inflation et relève les minima contributifs ; la réforme 2023 réduit l’écart de genre de six points.
    • La France fixe le minimum contributif à 85 % du SMIC et offre un bonus aux mères de famille.
    • L’Allemagne étend la Grundrente pour les longues carrières modestes.
    • La Belgique introduit un bonus pour quarante‑cinq années de cotisations.
    • Ces réformes protègent les petits revenus mais alourdissent la dépense publique. Leur viabilité dépend d’une croissance durable et d’un marché du travail inclusif.

Que nous réserve 2026

Si l’inflation dépasse 3 %, deux millions de retraités supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté.
Les relèvements de l’âge légal retarderont l’entrée en retraite mais ne corrigeront pas les carrières incomplètes.

L’Union européenne envisage un seuil minimum de pension à 60 % du revenu médian national et un droit à la formation numérique pour limiter l’exclusion.

Voir aussi: Aides aux seniors en Europe des filets de sécurité à géométrie variable

Les États devront mieux cibler  ces paramètres:

  • logements abordables,
  • soins de longue durée accessibles,
  • emplois seniors flexibles.

Agir vite évitera qu’une génération entière ne sombre dans la précarité irréversible.

Une génération face au vide

Pour conclure, partout en Europe, des millions de retraités glissent lentement sous le seuil de pauvreté. Pas par imprévoyance, mais par abandon. Les filets sociaux s’effilochent. Les réformes tardent. Et l’inflation creuse la tranchée. Si rien ne change d’ici 2026, le continent laissera une génération entière vieillir dans l’angoisse, l’isolement et le manque. L’urgence n’est plus à la compassion, mais à l’action.