Les tensions continuent de monter en Ukraine alors que la Russie continue d’augmenter ses troupes à la frontière depuis plusieurs jours. Un soldat ukrainien a été tué et un autre grièvement blessé par les forces rebelles séparatistes dans l’est du pays, soutenues par Moscou. La nouvelle fait craindre une nouvelle escalade dans le conflit qui a débuté en février 2014 et au cours duquel quelque 14 000 soldats ukrainiens auraient été tués.

La reprise des hostilités sur le terrain s’accompagne d’une série de rebuffades diplomatiques, dont la plus récente est le refus du président russe, Vladimir Poutine, de répondre aux appels téléphoniques de son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, comme l’ont confirmé des sources officielles du gouvernement de Kiev.

Russie-Ukraine : le conflit perdure

Des parties des régions de Donetsk et de Louhansk, le long de la frontière russe, sont sous le contrôle de séparatistes pro-russes depuis sept ans. Malgré un cessez-le-feu, les affrontements entre les unités gouvernementales et les rebelles sont récurrents. Au moins 21 soldats ont été tués du côté du gouvernement depuis le début de l’année. Dans la zone séparatiste, il y a eu au moins 22 morts. Un plan de paix adopté en 2015 est effectivement en attente. En juillet de l’année dernière, les parties au conflit avaient convenu d’un cessez-le-feu. Depuis la mi-février, pourtant, les combats se sont intensifiés, mettant à mal le cessez-le-feu déjà fragile.

À la suite d’une décision du parlement ukrainien, jusqu’à 2 000 soldats américains, ainsi que des équipements lourds et des avions, seront autorisés à rester en Ukraine cette année à des fins de formation. Cependant, la constitution interdit un déploiement permanent.

La Russie, pour sa part, nie l’accusation selon laquelle elle aurait envoyé des troupes dans l’est de l’Ukraine pour aider les rebelles. Dans le même temps, Moscou menace d’une intervention militaire si l’Ukraine tente de reprendre la zone contestée de Doneck et de Lougansk. Un échiquier compliqué, dans lequel l’UE pourrait trouver le soutien d’un allié controversé.

L’allié : Erdogan prête main forte

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a fait savoir qu’il était prêt à intervenir pour défendre Kiev dans une clé anti-russes. “Nous soutenons l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine” a déclaré ce week-end le dirigeant basé à Ankara, “et nous avons donc réitéré notre décision de ne pas reconnaître l’annexion de la Crimée.” La Turquie s’est engagée depuis longtemps à renforcer son partenariat stratégique avec l’Ukraine, allant même jusqu’à soutenir l’entrée de Kiev dans l’OTAN. Ce qui pourrait sembler être un positionnement astucieux d’Erdogan, récemment impliqué dans le clash diplomatique avec l’UE et l’Italie, se justifie en réalité dans le cadre d’une stratégie plus large d’influence d’Ankara sur la mer Noire, à laquelle la Turquie est confrontée avec l’Ukraine et la Russie.

L’OSCE ne voit pas d’escalade

Le conflit a fait l’objet d’un appel vidéo entre le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et le chef du Kremlin Vladimir Poutine. Le Kremlin a déclaré par la suite que M. Poutine y avait exprimé son inquiétude face à “l’escalade de la confrontation armée provoquée par l’Ukraine”.

Les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en revanche, ne notent aucune escalade. Le nombre de violations du cessez-le-feu reste bien inférieur au niveau qui prévalait avant l’entrée en vigueur de l’accord actuel en juillet 2020, ont-ils précisé.

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