À partir de février 2025, les compagnies aériennes opérant au sein ou au départ de l’Union européenne auront la possibilité d’utiliser un nouveau label d’émissions de vol. Cet outil, lancé par la Commission européenne, vise à fournir aux passagers des informations standardisées et fiables sur l’empreinte carbone de leurs trajets aériens, encourageant des choix plus durables tout en luttant contre le greenwashing.
L’aviation sous le prisme du label carbone européen
Le label repose sur une méthodologie normalisée basée sur des critères précis : le type d’appareil utilisé, la consommation de carburant, le nombre de passagers ou encore la quantité de fret transportée. Supervisée par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA), cette démarche garantit la cohérence et élimine les écarts d’estimations que l’on retrouve souvent dans les initiatives privées. En outre, elle s’appuie sur la norme ISO 14083:2023, déjà reconnue pour le calcul des émissions dans le secteur des transports.
Concrètement, lors de la réservation d’un billet en ligne, les passagers verront apparaître un logo dédié à côté des données d’émissions pour chaque vol. Un site web sera également mis à disposition, permettant de comparer les performances environnementales des compagnies opérant sur des itinéraires similaires. Ce système offrira une meilleure transparence et pourrait inciter les transporteurs à investir davantage dans des technologies propres ou des carburants durables.
Une réponse aux attentes des consommateurs
Selon des études récentes, près de 80 % des passagers souhaitent connaître l’impact écologique de leurs vols, mais seulement 5 % ont accès à de telles informations actuellement. Le nouveau label répond donc à une demande croissante d’écoresponsabilité, notamment parmi les voyageurs d’affaires et les jeunes générations. À terme, cette initiative pourrait devenir un argument concurrentiel pour les compagnies investissant dans des technologies plus vertes.
Un nouvel élan pour l’aviation durable en Europe
Ce label s’inscrit dans une stratégie européenne plus large. Notamment en incluant des initiatives comme le règlement ReFuelEU, qui impose l’usage progressif de carburants durables d’aviation (SAF). Cependant, des défis subsistent, notamment liés au coût élevé de ces carburants et à la lenteur des investissements dans des avions plus performants.
Conséquences futures et enjeux
D’ici quelques années, ce label pourrait transformer la manière dont les voyageurs perçoivent et sélectionnent leurs vols. Les compagnies aériennes les moins polluantes pourraient attirer davantage de clients, tandis que celles affichant des émissions élevées risquent d’être pénalisées. Cela pourrait aussi renforcer la pression sur le secteur pour accélérer la transition énergétique, que ce soit par l’adoption de SAF, le développement de technologies hybrides ou électriques, ou encore la réorganisation des routes aériennes pour optimiser la consommation de carburant.
Toutefois, le succès de cette initiative repose sur son adoption massive par les compagnies et la sensibilisation des voyageurs. En parallèle, des régulations plus strictes, comme une taxation accrue sur les carburants fossiles, pourraient compléter cet effort pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE.
UE et aviation: Le label qui change tout
Avec cette démarche, l’Union européenne entend non seulement responsabiliser le secteur aérien, mais aussi ouvrir la voie à une transformation globale de l’industrie du voyage, où les choix écoresponsables deviendront la norme.
A ce jour, la Commission européenne n’a pas encore publié de liste officielle des pays ayant répondu ou commenté l’initiative concernant le label d’émissions des vols. Cependant, la consultation publique, qui s’est clôturée en octobre 2024, a suscité un large intérêt parmi les acteurs du secteur aérien, les organisations environnementales et les gouvernements.
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Les discussions initiales montrent un soutien notable des États membres. Par exemple, comme les Pays-Bas et des pays nordiques, connus pour promouvoir la transparence écologique. Pour mémoire, le Pays-Bas ont souvent défendu des politiques environnementales ambitieuses dans l’aviation,
Mise en œuvre du label, prévue début 2025
En revanche, certains pays ayant des secteurs aéronautiques puissants, comme la France et l’Allemagne, pourraient également jouer un rôle actif dans les débats afin de trouver un équilibre entre compétitivité économique et transition écologique. Les compagnies aériennes de ces pays, comme Air France-KLM ou Lufthansa, se montrent intéressées par des critères harmonisés pour éviter des mesures divergentes dans l’UE et promouvoir des efforts environnementaux cohérents.
Pour obtenir des informations précises sur les retours individuels des pays, il faudra probablement attendre une synthèse officielle de la Commission européenne. Cette initiative, qui vise à offrir des données fiables sur l’empreinte carbone des vols, pourrait également encourager des discussions régionales plus larges, notamment avec des partenaires commerciaux hors UE
Un label pour mesurer et réduire les émissions des vols dans le monde
Des initiatives similaires de transparence sur les émissions de carbone liées aux vols se développent dans d’autres régions, mais elles restent moins centralisées qu’en Europe. Aux États-Unis, certaines compagnies aériennes et agences de voyage commencent à intégrer des carbon labels dans leurs offres, bien que cela reste principalement une démarche volontaire. Par exemple, certaines entreprises, comme Delta Airlines, investissent dans des projets de compensation carbone. Tandis que d’autres affichent des informations partielles sur les émissions des vols, mais sans cadre réglementaire fédéral strict.
En Asie, les initiatives sont plus fragmentées. Le Japon, par exemple, met en avant des efforts de réduction des émissions dans l’aviation, notamment par le biais de carburants durables. Cependant, les étiquettes carbone spécifiques aux itinéraires ne sont pas encore répandues. En revanche, certaines plateformes de voyages asiatiques, comme celles promouvant l’écotourisme, commencent à introduire des informations sur l’empreinte carbone pour attirer une clientèle plus consciente.
À l’échelle mondiale, des entreprises comme Much Better Adventures et Intrepid Travel utilisent des labels carbone pour leurs itinéraires.
Toutefois, ces démarches concernent davantage les agences spécialisées dans le tourisme durable et non les grands acteurs de l’aviation. Enfin, les discussions sur l’adoption de normes internationales, pilotées par des institutions comme l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale), progressent lentement, car elles nécessitent des accords complexes entre de multiples parties prenantes.
Bien que ces mesures soient prometteuses, l’absence d’un cadre légal uniforme en dehors de l’UE limite leur impact et leur adoption globale. Cela souligne l’importance d’initiatives comme le label européen pour inciter d’autres continents à suivre cette direction.