Un vieillard de 95 ans, qui était gardien de camp de concentration nazi pendant la Seconde Guerre mondiale, a été expulsé des États-Unis vers l’Allemagne, le samedi 20 février 2021. Friedrich Karl Berger, qui vivait depuis 1959 dans le Tennessee, a été renvoyé dans son pays d’origine pour répondre de ses actes. Il est accusé de complicité de meurtre et de persécutions parrainés par les nazis tout en servant dans le camp de concentration en 1945.
Le procureur général américain de cette affaire a déclaré que le renvoi de M. Berger des États-Unis démontre l’engagement à faire en sorte que ce pays ne soit pas un refuge pour ceux qui ont participé aux crimes nazis contre l’humanité et à d’autres violations des droits de la personne.
Berger est la 70e personne identifiée comme un persécuteur nazi à être expulsé des États-Unis.
Une longue vie dans l’anonymat
C’est dans la mer Baltique, en 1950, à bord d’un bateau coulé, que le nom de Friedrich Karl Berger réapparaît et fait ressurgir son passé. Les documents bien conservés ont dirigé les enquêteurs de l’époque droit vers Berger.
Un procès en 2020 a révélé que Berger avait servi le régime nazi dans un sous-camp de Neuengamme près de Meppen, en Allemagne, pendant l’Holocauste. Le juge qui a présidé l’affaire de 2020 a déclaré que les prisonniers de ce camp, dont beaucoup étaient des Juifs de Russie, de Hollande et de Pologne, ont été détenus dans le camp à l’hiver 1945. Les conditions, étaient atroces, car les prisonniers ont été forcés de travailler à l’extérieur jusqu’à l’épuisement et la mort. Les résultats des recherches, affirment que Berger travaillait au camp jusqu’à ce que les nazis l’évacuent en mars 1945, date à laquelle les prisonniers furent forcés de se rendre au camp principal de Neuengamme. Le transfert qui aura duré deux semaines a été effectué dans des conditions inhumaines et 70 personnes emprisonnées sont mortes dans le processus.
Le nonagénaire nazi est jugé suffisamment en bonne santé pour suivre la procédure
Si Friedrich Karl Berger a admis au cours du procès qu’il gardait les prisonniers et les empêchait de s’échapper, il a également concédé qu’il n’avait jamais demandé à être transféré de son rôle de gardien de camp de concentration.
Toutefois, il nie fermement toute implication dans le mauvais traitement des détenus ou encore avoir été gardien chargé d’évacuation.
Après de nombreuses années d’enquêtes, le parquet général de Celle a mis fin à la procédure, faute de preuves suffisantes. C’est donc libre que M. Berger ressortira de cette affaire ; le parquet général partant du principe que suivre simplement des ordres en travaillant dans un camp où les prisonniers n’étaient pas systématiquement exterminés, n’est pas une preuve suffisante.
Entre désarroi et incompréhension
Les victimes de ces camps, tout aussi âgés que l’accusé, ont attendu une vie entière que justice soit faite et que les responsables des crimes qu’ils ont subis, soient punis.
Même si l’Allemagne a jugé et condamné de nombreux SS jusqu’à aujourd’hui, c’est toutefois un sentiment d’échec qui l’emportera.
Lire aussi: Le parti d’extrême droite de l’AFD en Allemagne placé sous surveillance